lundi 31 mars 2014

Eric Pessan




Elliot a quinze ans. Depuis la séparation de ses parents, il ne voit plus aussi souvent son père. Le juge l’a décidé ainsi et sa mère a gagné dans cette guerre que peut être le divorce. Cette nuit, il  part seul observer le ciel, en cachette. Une fugue de 22h à 5 h du matin durant laquelle il s’abandonnera à l’oubli et aux souvenirs d’enfance. Les fugues nocturnes d’Elliott ne passeront pas inaperçues. Il  se fera prendre. Prétexte à faire voir et à dire son malaise, lui qui passe son temps à se taire. Une histoire émouvante pour évoquer la douleur et l’incompréhension d’un divorce vu du côté de l’adolescent.  Grandir c’est laisser partir son proche passé et faire naître d’autres relations, comme cette amitié complice avec une copine-voisine de collège avec laquelle il écrira des mots désillusionnés. Des mots « perdus » -« pas mal de certitudes et d’idées toutes faires, le son de la voix de mes grands-parents …, une belle façon de réaliser et d’accepter  la fin de l’enfance.



Entretien avec un auteur qui écrit depuis l’âge de 6 ans, dès l’apprentissage de l’écriture en CP, et qui avoue s’être jeter avec enthousiasme dans l’écriture, sans relâche depuis la publication en 2001 de son premier roman L’Effacement du monde…



Comment est née cette histoire Et des lumières dansaient dans le ciel ?

A la suite d’une conversation avec Gérard Azoulay, le directeur de l’Observatoire de l’Espace, cellule culturelle du Centre National d’Etudes Spatiales. Je participe depuis des années au comité de rédaction de la revue Espace(s) qui publie des textes et autres expressions artistiques en relation avec l’Espace et les activités spatiales. Gérard Azoulay m’a parlé du GEIPAN (Groupe d’Etude sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés) et j’ai immédiatement pensé qu’adolescent j’aurais adoré voir une soucoupe volante. J’avais déjà l’idée d’un adolescent n’arrivant plus à communiquer avec ses parents. Alors les deux idées se sont télescopées et  j’ai imaginé un adolescent voyant une chose incroyable sans qu’il puisse en parler. Se taire devenait encore plus douloureux pour lui.


Justement pourquoi Elliott est-il si taiseux ?

Elliott est pris en otage entre ses parents. Il aime chacun d’entre eux mais il ne sait comment agir. Il assiste impuissant à la guerre que se livrent son père et sa mère. La moindre confidence de l’un peut devenir une arme pour l’autre. Il est vraiment coincé dans un conflit qui ne le regarde pas. Ce qui arrive souvent lorsque des parents se séparent dans la violence, l’enfant en paie le prix fort. Elliot se tait. Il a raconté être sorti regarder les étoiles avec son père et sa mère en a fait un argument pour tenter de prouver l’irresponsabilité de son ex-mari. Il ne peut plus que se taire, il n’a pas le choix. Et son silence renforce sa rancœur : Elliot en veut autant à son père d’être parti qu’à sa mère d’être restée.


Que recherche Elliot en observant les étoiles ?

A travers les étoiles, Elliot procède peut-être à un retour vers son passé, le temps où il pouvait aller les observer en toute quiétude, ce temps de partage d’avant l’abandon de son père. Dans le livre, il est écrit : « J’ai lu que toute les particules de l’univers sont nées au moment du big bang, cela veut dire que l’hydrogène qui brûle au cœur du soleil est cousin du carbone dont je suis composé. C’est peut-être une famille que je cherche dans le ciel. Mais ça, qui va le comprendre ? »

La lumière des étoiles peut mettre des millions d’années avant de nous parvenir, regarder les étoiles, c’est  aussi contempler le passé.


Quel est le message de l’affichage des mots "perdus" ?

Le personnage de Julie est déjà présent dans mon premier roman jeunesse, Plus haut que les oiseaux. Eliott vit dans le même immeuble que Thomas, le narrateur des oiseaux et surtout Elliott est en classe avec la sœur de Thomas : Julie. Ce personnage était trop peu présent dans le premier roman, je sentais que je ne l’avais pas assez mise en avant, elle était mystérieuse et mes lecteurs me parlaient souvent d’elle. Julie est à l’origine de l’écriture de ces affichettes. Elle a des sortes de pouvoirs, elle devine les gens, elle exprime les choses pour eux. Ses mots sont en lien direct avec l’histoire d’Elliot. Ils expriment à la fois le passé perdu et l’espoir d’un nouvel avenir.


Et les lumières dansaient dans le ciel, L’école des loisirs, 2014

Plus haut que les oiseaux, L’école des loisirs, 2012

A déguster en ligne, : ses réflexions décalées et légères  sur le travail d’écrivain

 : Parfois je dessine dans mon carnet :



A paraître à L’école des loisirs :

Un  roman  jeunesse qui se déroule au pied de ce même immeuble des Oiseaux et des Lumières, une histoire d’amitié et de fuite, 1er trimestre 2015

Une pièce de théâtre pour les adolescents qui met en scène des jeunes gens désirant devenir invisible dans une société où le moindre geste est observé et analysé,  2e trimestre 2015

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